Clauss, du ratage au rattrapage

Fautif jeudi à Vigo (1-2), Jonathan Clauss a réagi de la meilleure des manières à Rennes, dimanche, avec un but et une passe décisive (2-1).

Capuche sur la tête, Jonathan Clauss quitte le Roazhon Park sans gêne apparente, lui qui a dû céder sa place à la mi-temps. Interrogé sur ce qui lui est arrivé, le latéral international (33 ans, 14 sélections, 2 buts) répond poliment « hyperextension du genou » avant de s'en aller. Il n'en dira pas plus. Il avait déjà tout dit sur le terrain en un peu plus de quarante-cinq minutes, avec une passe décisive astucieuse pour Sofiane Diop (38e) et une frappe puissante, à l'issue d'un raid de Jeremie Boga, pour permettre aux Niçois de faire le break avant la pause (45e+1).

Il faut dire qu'il avait des choses à se faire pardonner, lui qui avait reçu un deuxième jaune totalement inutile sur un pressing à soixante mètres de son but, jeudi à Vigo (1-2). À dix, ses partenaires avaient coulé en Galice, abandonnés par celui qui porte le brassard de capitaine en raison des absences. Il a un peu ruminé, forcément. Il s'est un peu changé les idées lors des nombreuses parties de loup-garou disputées ces derniers jours par les joueurs niçois, restés en Espagne de mercredi à samedi avant de filer directement à Rennes afin de favoriser la récupération.

« Il a assez d'ouverture et d'intelligence pour se remettre en question. »
Franck Haise

Puis il est allé de l'avant. « Forcément qu'il culpabilisait, concédait Yéhvann Diouf, auteur d'un arrêt fantastique à 2-1 sur une tête de Jérémy Jacquet. Mais voilà, ce sont des choses qui arrivent. On est tous un peu passés par là, par des moments où on a fait des erreurs qui ont coûté la victoire ou des points. Donc on n'a pas forcément besoin de se parler. On se sait. Et lui le premier. C'est pour ça qu'on est tous très contents pour lui. Et surtout pour nous. Il a apporté la meilleure des réponses aujourd'hui. »

Son entraîneur Franck Haise prolongeait la réflexion de son gardien : « De toute façon, c'est toujours sur le terrain qu'il faut amener les réponses, même si on est obligés de vous en donner en dehors (il rit). Après, Jo a quand même aussi de l'expérience. Ça compte, ce n'est plus le "jeune" joueur que j'ai connu, arrivé de Bundesliga 2 après un parcours différent. Donc il a aussi pris en maturité. Ensuite, il sait aussi analyser ce qu'il fait de bien et ce qu'il fait de moins bien. Donc avec Jo, il y a assez d'ouverture et d'intelligence pour se remettre en question. Il savait que jeudi, son deuxième jaune, il n'aurait pas dû aller le chercher. Et qu'il avait envie d'apporter une réponse. »

Un but et une passe, ce qu'il n'avait plus fait dans un même match depuis plus de trois ans, la réponse est limpide. Plus que sa saison, jusqu'ici faite de montagnes russes, avec plus de bas que de hauts, entre son départ avorté à Leverkusen, qu'il a traîné un temps comme un boulet, et son retard à une réunion qui lui avait valu un passage sur le banc au coup d'envoi face à l'AS Rome (1-2, le 24 septembre). Mais puisqu'il a déjà été décisif contre l'OL le week-end dernier (3-2, le 18 octobre), le voilà peut-être enfin lancé. Si ce fichu genou n'en décide pas autrement.